HABBOUBI REDOUANE: Etude de cas de la coopération Maroco-Africaine: secteur de Télécommunications MAROC TELECOM
HABBOUBI REDOUANE Docteur en droit public et sciences politiques à l’université Cadi Ayyad, faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Marrakech.
RESUME :
Ces dernières années, les entreprises marocaines augmentent leurs investissements dans les pays du continent. C’est un résultat logique de la coopération sud-sud à travers le continent, une vision stratégique et décision politique à haut niveau. L’exploitation des ressources naturelles et humaines a besoin des marchés cibles pour l’expansion. Le secteur de télécommunications est parmi les secteurs les plus importants dont investit le Maroc via Maroc Telecom. Cette expérience est très remarquable, elle occupe aujourd’hui une place importante dans plusieurs pays du continent d’Afrique.
MOTS CLES :
télécommunications ,coopération sud-sud, Afrique ,Maroc Telecom
ABSTRACT :
In recent years, Moroccan companies have been increasing their investments in countries on the continent. It is a logical outcome of South-South cooperation across the continent, a strategic vision and high-level political decision. The exploitation of natural and human resources needs target markets for expansion. The telecommunications sector is among the most important sectors that Morocco invests in through Maroc Telecom. This experience is very remarkable, it now occupies an important place in several countries on the African continent.
1.Introduction :
Ces dernières années, les entreprises marocaines augmentent leurs investissements dans les pays du continent. C’est un résultat logique de la coopération sud-sud à travers le continent, une vision stratégique et décision politique à haut niveau .L’exploitation des ressources naturelles et humaines a besoin des marchés cibles pour l’expansion. Malgré la grande concurrence avec les forces économiques du monde, les entreprises marocaines ont pu résister et imposer leur présence dans plusieurs secteurs tels que les télécommunications, les banques, les assurances, les minerais, l’industrie automobile, chimique, aéronautique et pharmaceutique…
Les résultats financiers de ces entreprises sont-ils au niveau souhaité, leurs stratégies poursuivent-elles les bonnes voies .
2.Opérateurs marocains en Afrique :
Une simple lecture des investissements des différentes entreprises marocaines en Afrique (carte ci-dessous) nous montre l’importance de cette couverture, qui, dans différents domaines tels que les banques, les assurances, les minerais, le logement social…etc, et traduit clairement les dimensions de la coopération Maroco-africaine.
L’exception des pays de l’Afrique du sud est due au retard à cause de la longue rupture des relations avec ces pays, après la réintégration à l’Union Africaine le Maroc peut rattraper ce manque, et donner aux investissements africains un second souffle et une couverture totale, d’ou la participation au développement des pays du continent.
Banques, assurances, télécommunications, mines, construction et dans d’autres domaines, les entreprises marocaines ont une forte présence pour participer au développement du continent. Un engagement politique et économique par solidarité et partage des compétences.
Fig. 6: Les opérateurs marocains en Afrique[1]
Source : IRES Institut Royal des Etudes Stratégiques traitant des données du ministère des affaires étrangères et de la coopération
3.Investissement de Maroc Telecom en Afrique :
Le secteur de télécommunications est parmi les secteurs les plus importants dont investit le Maroc via Maroc Telecom. Cette expérience est très remarquable, elle occupe aujourd’hui une place importante dans dix pays du continent d’Afrique qui sont :
A coté du Maroc, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali, le Niger, le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, la Centrafrique, et la Mauritanie[2].
C’est une force d’investissement de trouver une entreprise de ce type qui peut s’implanter dans cet énorme marché impacté par une grande concurrence technologique et économique.
Les filiales achetées totalement ou partiellement dans l’Afrique occidentale sont Mauritel(en Mauritanie), Onatel (opérateur du Burkina Faso), Gabon Télécom, Sotelma( Mali), Casanet (Fournisseur des NTIC au Maroc ), AT (Côte d’Ivoire), Etisalat Bénin(Bénin ), AT (Togo), AT( Niger), AT (Centrafrique), et Tigo (Tchad )Tchad depuis 2019 [3].
Maroc télécom compte aujourd’hui plus de 69 millions de clients avec une augmentation annuelle de 11 ,3% sur le continent [4] , ce chiffre reflète la forte implantation dans le marché africain, avec une progression de 4% de chiffres d’affaires et de résultats nets.
Le nombre de clients mobiles dans le continent est en progression exponentielle, il devrait dépasser la barre du milliard en 2020, cette évolution motive les entreprises investissant dans ce domaine à amplifier leurs investissements et chercher d’autres pays pour l’expansion puisque la rentabilité économique est importante.
Maroc Télécom est cotée en bourse de Casablanca et Paris, elle détient des capitaux importants qui alimentent cette progression d’un point de vue technique, financier ou de gestion.
4.Stratégie d’internationalisation :
La participation des pays du Conseil de coopération du Golfe est remarquable surtout dans les domaines à forte valeur ajoutée comme les télécommunications, les hydrocarbures, l’infrastructure…Le secteur de télécommunications en Afrique présente un champ très important pour les investisseurs des pays en voie de développement[5].
La forte expansion a augmenté la stratégie d’internationalisation, qui va générer d’autres bénéfices de l’extérieur dans une économie ouverte mondialisée et appuyant la coopération économique, technique, d’investissement et de construction d’infrastructures qui a un impact sur le développement humain et la facilité de communication. La création de richesse et d’emploi est un objectif pour minimiser le taux de chômage.
Maroc Télécom a accéléré cette stratégie d’internationalisation par l’acquisition de 51 % d’Onatel à Burkina Faso en 2006, et 51 % du capital de Gabon Telecom en 2007, de même elle a acquis 51 % du capital de Sotelma du Mali en 2009[6].
Les regains financiers ont encouragé Maroc Telecom à prendre d’importantes décisions d’internationalisation surtout dans l’Afrique de l’ouest, même avec la grande concurrence dans le domaine de télécommunications dans les pays du continent.
La période la plus forte de l’internationalisation de Maroc Telecom était en 2015, caractérisée par l’acquisition totale du capital du groupe Atlantique Telecom du Niger, Etisalat Benin du Bénin, Atlantique Telecom du Centrafrique et Prestige Telecom de la Côte d’Ivoire.[7]
Elle a également acquis 95 % du capital d’Atlantique Telecom du Togo la même année, et 85 % du capital d’Atlantique Telecom de la Côte d’Ivoire.
En effet, la concurrence internationale dans le secteur de télécommunications demeure très rude à cause de la présence des grands opérateurs mondiaux et la forte amélioration du niveau d’innovation.
A partir d’une simple lecture de la cartographie des investissements de Maroc Telecom on remarque la présence de l’opérateur marocain dans la plupart des pays de l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale. Comme résultat normal, on attend les prochaines années des prospectifs importants, les autres régions du continent seront des objectifs potentiels de l’opérateur.
5.Résultats d’investissement encouragents :
Fig7 : Cartographie d’investissement de Maroc Telecom
Source : http://www.iam.ma/groupe-maroc-telecom, le 23/4/2020
Fig8 : Un leader au Maroc avec une ambition Africaine[8]
Chiffre d’affaires groupe en 2018 : | 36,03 milliards de dirhams |
· Maroc : | · 21,41 milliards de dirhams
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· International : | · 16,04 milliards de dirhams
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· 61 millions de clients | · Mobile, Fixe et Internet
· |
Source : http://www.iam.ma/groupe-maroc-telecom, le 23/4/2020
Une simple comparaison entre les Chiffre d’affaires enregistrés au niveau national et international en 2018 : 36,03 milliards de dirhams au Maroc contre 21,41 milliards de dirhams à l’international, l’importance de l’implantation des investissements au pays d’Afrique est indiscutable, d’où la recherche de nouveaux marchés, c’est qualifiée d’une bonne décision et surtout si le marché national est devenu quasi-saturé.
De même la hausse du chiffre d’affaires continue à augmenter en 2019 avec un taux élevé : 5% (+1,0% à base comparable), et même chose pour 2020 et c’est un résultat d’investissement à l’étranger des filiales implantées en Afrique la Data Mobile au Maroc[9].
Les investissements de Maroc Telecom ne cessent d’augmenter, avec une hausse de 2.2% (6 788 millions de dirhams), ce qui présente 14.7% du chiffre d’affaires et c’est toujours lié aux objectifs de l’entreprise. Cette réalisation est en compatibilité avec les objectifs du groupe en 2019[10].
Les actionnaires de Maroc Telecom vont bénéficier de la hausse des résultats nets et cette décision les encourage à déposer leur argent, d’où l’augmentation des investissements dans les prochaines années comme prévu.
Le dividende en 2020 annoncé par le Conseil de Surveillance du groupe est de 5,54 dirhams par action, ce qui présente un montant global de 4,9 milliards de dirhams[11].
Maroc Telecom est un acteur principal de télécommunications en Afrique, enregistre une forte augmentation d’investissement et de chiffre d’affaires. Elle participe à la concrétisation de la coopération sud-sud du Maroc avec ses partenaires africains, en motivant l’économie pour réaliser les objectifs de développement de l’être humain. Les perspectives et les capacités économiques de l’entreprise peuvent dépasser l’état actuel, un marché énorme au sein du continent peut être exploité.
Le Groupe Maroc Telecom présente l’un des acteurs majeurs des télécommunications en Afrique, il participe à la création d’emploi et au développement économique et numérique à travers les pays du continent et met en œuvre les accords signés de coopération[12].
L’adoption de la coopération sud-sud comme nouvelle forme de coopération donne au pays du sud une opportunité pour relancer leurs économies dans un contexte plein de fluctuations. L’effet de partage avec les partenaires africains facilite l’accès aux énergies, aux marchés, et à la technologie.
La question qui se pose actuellement, concernant cette nouvelle forme de coopération est : Est-ce que les pays du sud, et plus précisément les pays africains, ont les compétences technologiques et économiques pour partager entre eux ?
Pour répondre à cette question on doit analyser aujourd’hui la situation économique des pays du sud et africains, et les prospectives dans l’avenir des études économiques.
Conclusion :
L’essor des pays du sud dans les deux dernières décennies donnent une nouvelle orientation dans l’économie mondiale. La forte augmentation des pays du sud est un constat qui n’a pas besoin de démonstration. Plusieurs pays du sud ont enregistré une forte croissance tels que la Chine, l’Inde, la Corée du sud, le Brésil…
Dans différents domaines de forte compétitivité tel que l’industrie, les services, l’agriculture, les énergies…, les pays du sud continuent cette progression inédite, ce qui prouve la possibilité de développement et de partage entre les pays du sud.
L’Afrique comme continent a besoin de partenariats avec les pays du sud forts économiquement et industriellement, ce partage va évoluer le niveau d’expertise et de compétitivité.
Pour le Maroc, comme pays du sud, il a toutes les conditions pour coopérer avec les autres pays du sud, et peut donner un grand surplus à cette forme de coopération.
Le fait d’être un acteur principal dans les relations inter-Africaines donne au Maroc une grande importance dans la coopération sud-sud, le continent connait une forte croissance économique, démographique qui a besoin de soutenance des efforts entre ses pays.
Le Maroc possède des atouts importants et un rôle politique et économique dans le continent pour la contribution dans son développement dans le cadre d’une coopération sud sud gagnant gagnant .
Bibliographie
IRES Institut Royal des Etudes Stratégiques« rapport stratégique 2016 panorama du Maroc dans le monde : Les relations internationales du Royaume » rapport stratégique 2016.p67
Maroc Telecom, Rapport financier 2019, p15
Communiqué de presse ,Maroc Telecom , Rabat, le 20 avril 2020, p1
UN LDC IV OHRLLS Document d’information « L’exploitation de la contribution positive de la coopération Sud-Sud pour favoriser le développement des pays les moins avancés » New Delhi, 18-19 février 2011.p23
Iraqi, Ahmed, « Géopolitique des investissements marocains en Afrique entre intérêt économique et usage politique », Edition L’Harmattan, 2020, Paris, p88
Jeune Afrique, 2020, consulté le 20/4/2020 .
http://www.iam.ma/groupe-maroc-telecom, le 23/4/2020
[1] IRES Institut Royal des Etudes Stratégiques« rapport stratégique 2016 panorama du Maroc dans le monde : Les relations internationales du Royaume » rapport stratégique 2016.p67
[2] Maroc Telecom, Rapport financier 2019
[3] Maroc Telecom, Rapport financier 2019, p15
[4]Communiqué de presse ,Maroc Telecom , Rabat, le 20 avril 2020, p1
[5] UN LDC IV OHRLLS Document d’information « L’exploitation de la contribution positive de la coopération Sud-Sud pour favoriser le développement des pays les moins avancés » New Delhi, 18-19 février 2011.p23
[6] Iraqi, Ahmed, « Géopolitique des investissements marocains en Afrique entre intérêt économique et usage politique », Edition L’Harmattan, 2020, Paris, p88
[7] Ibid, p88
[8] http://www.iam.ma/groupe-maroc-telecom, le 23/4/2020
[9] Maroc Telecom, Rapport financier 2019, p10
[10] Maroc Telecom, Rapport financier 2019, p10.
[11] Ibid, p10.
[12] Jeune Afrique, 2020, consulté le 20/4/2020